Radicalisation

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Gérald Bronner, professeur de sociologie et auteur de La pensée extrême, était l'invité de Jean-Jacques Bourdin .

Celui qui est chargé de préparer le contenu des enseignements prodigués dans les futurs centres de déradicalisation, nous dresse le portrait des jihadistes et radicaux de tous bords.

Il a été mandaté par l’État pour travailler sur le contenu des enseignements prodigués aux individus à déradicaliser. Gérald Bronner, professeur de sociologie à l’université Paris-Diderot, qui publie La pensée extrême: comment des hommes ordinaires deviennent des fanatiques (éditions PUF), était l'invité de Jean-Jacques Bourdin ce mercredi 7 janvier 2015 . Les aspirants jihadistes, qui rejoindront le premier des centres de réinsertion et de citoyenneté, appelés aussi centres de déradicalisation, et annoncé par le gouvernement après les attentats de janvier. Avec d'autres spécialistes de la radicalité, il a élaboré un programme sur mesure pour la trentaine de jeunes qui y seront accueillis d'ici fin mars.

Gérald Bronner n'aime pas le terme "déradicalisation", parce qu'il croit "impossible de retirer une idée ou une croyance de l'esprit de quelqu'un". Sur RMC, il explique que son objectif "serait plutôt d'aiguiser l'esprit critique de ces individus, de leur redonner le contrôle de leur pensée critique, de les inciter à faire une forme de déclaration d'indépendance mentale qui les éloignera, on l'espère, de croyances de nature à mettre en danger l'ordre social". Pendant 10 mois, le sociologue s'occupera de ces extrémistes islamistes.

"Souvent un bon niveau d'études"

Il l'assure, il n'aura pas à faire à des fous. D'ailleurs, selon lui, même les frères Kouachi, Amedy Coulibaly ou les auteurs des attentats du 13 novembre, n'étaient pas à considérer comme des fous. "On se pose la question quand on voit leurs actes. C'est notre première réaction. Or, toutes les études montrent que globalement, ces individus sont 'normaux' psychologiquement. Ils croient, aussi scandaleux que cela puisse paraître, agir au nom du bien".

Ces radicaux ont d'ailleurs souvent un bon niveau d'études. "En Grande-Bretagne, en particulier, 30% des individus incarcérés pour questions de terrorisme sont titulaires d'un diplôme de l'enseignement supérieur. Cela démonte l'idée selon laquelle la misère et le manque d'éducation sont les terreaux uniques du terrorisme. C'est évidemment une facette du problème, mais les profils des terroristes ou des radicalisés sont contrastés. Les frères Kouachi viennent en effet de quartier sensible avec une charge de délinquance, mais il y a des profils tout à fait différents". Gérald Bronner cite par exemple Jihadi John, surnom d'un des bourreaux de Daesh qui apparaissait décapitant des otages dans les vidéos de propagande de l’État islamique avant d'être tué dans un raid aérien, et qui "avait un diplôme d'informatique supérieur".

"Le point commun des radicaux de tous bords: la théorie du complot"

Dans son livre, Gérald Bronner s'intéresse aux jihadistes, bien sûr, mais aussi aux radicaux d'extrême-droite ou d'extrême-gauche, aux membres de sectes et même aux extrémistes écologistes. Selon lui, tous un point commun : la théorie du complot. "C'est indiscutable. Les théories du complot sont souvent des marchepieds vers la radicalisation de l'esprit, tout simplement parce qu'elle propose une autre lecture géopolitique et historique du monde. Une lecture qui vise à trouver de façon simpliste des coupables qui, généralement, explique à l'individu qui a l'impression d'avoir raté sa vie les raisons pour lesquelles il ne l'a pas réussie. Évidemment, il est particulièrement satisfait dans ce cas là puisque ces raisons l'exonèrent de sa responsabilité".

RMC/BFM le 6 janvier 2016 - Cliquez ICI

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